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Une mission réussie

Rédigé par Caroline Gonzalez | Mar 16, 2025 11:22:58 AM

Ok, ok, dit comme ça, ça fait un peu sourire. Mais en vrai, c'est quoi une mission réussie ?
Une mission où tout se passe comme prévu ? C'est possible ça ?
En réalité, chaque personne / chaque poste a sa façon de voir les choses et une mission réussie pour vous ne l'est pas forcément pour votre voisin.

Moi par exemple, j'ai une double (quintuple ? ) casquette. Je suis UX designer, mais je suis aussi cheffe de projets.
Du coup, je gère des équipes au quotidien. J'ai des profils, des personnalités différentes et ce n'est pas toujours simple de "réussir mes missions".
Juste faire en sorte que le travail soit fait dans les temps est déjà une victoire en soit !

Mais alors, c'est quoi une mission réussie ?

Pour moi, une mission réussie, c'est une mission dont je suis fière. J'ai participé, mis ma pierre à l'edifice et je suis fière de ce que j'ai produit.

Ça peut être n'importe quoi : un site, un outil interne, la nouvelle stratégie d'un gros groupe ou juste une ré-organisation d'équipe. Mais je suis fière.

J'aime quand mes projets prennent de l'ampleur (même si c'est parfois dur de cadrer pour éviter tout débordement) parce que ça veut dire que les acteurs du projet sont impliqués.
J'aime quand mes clients comprennent comment les choses fonctionnent. J'aime quand ils m'écoutent pour trouver la meilleure solution ou qu'ils m'appelent parce qu'ils ont un problème. Parce que ça veut dire qu'ils ont confiance en moi.

Je mets toujours toute mon énergie dans mes projets. Je les traite tous sur un pied d'égalité, qu'ils soient petits ou gros.

Tout m'interesse, tout me plait parce que chaque projet me permet d'apprendre.
Mais parfois, je me pose la question de savoir si la mission est vraiment réussie et des fois (comme tout le monde), il y a des choses qui me démotivent un peu.

Le feedback et le ressentie dans les missions

Je trouve que le plus dur dans mes missions, c'est finalement le manque de feedbacks positifs. On nous dit toujours quand ça ne va pas, quand le client n'est pas content. Parfois, le client ne passe carrément pas par moi, préférrant parler à mon patron directement. C'est un peu comme s'il me disait "de toute façon, tu ne feras rien pour moi". Ça me donne toujours cette impression désagréable qu'au bout de 6 ans d'expérience, je ne suis toujours qu'une stagiaire en apprentissage.

Le feedback, et plus important encore, la communication sont pour moi des choses essentielles. En tant que cheffe de projets, je suis en "frontal client". C'est dans mon équipe qu'on place le client. On doit donc communiquer, se parler. Quand ça va bien, mais aussi quand ça va mal. Sans langue de bois, sans traitrise, ni d'un côté, ni de l'autre.

Et cette règle doit s'appliquer à chaque membre de l'équipe, chef de projet inclu. On a tendance à materner son équipe (c'est beaucoup mon cas), et à filtrer les informations : bon feedback, je passe le mot, mauvais feedback, je garde pour moi. Mais est-ce vraiment une bonne façon de faire ? Comment l'équipe peut espérer grandir, apprendre de ses erreurs si elle ne sait pas qu'elle a fait des erreurs ?
Ce n'est ni la partie la plus plaisante ni la partie la plus simple, mais je pense qu'elle est essentielle. Sans aller dans le lynchage bien sûr, mais un retour en mode "ok, client pas content, trouvons une solution", ça me parait le minimum.

Bien sûr, il faut faire la part des choses. J'ai déjà eu le retour client du type "je ne veux pas payer, donc je vais appeler ton boss et me plaindre, comme ça, il t'obligera à faire le truc gratos". Effectivement, ça marche parfois. C'est le jeu de celui qui cri le plus fort. Mais c'est une relation malsaine qui s'installe. Surtout quand le client te défonce littérallement par email puis t'appelle pour te dire qu'il adore bosser avec toi et qu'il est vraiment content du résultat.
Comment fait-on grandir l'équipe avec des comportements comme ceux là ?

Et pourtant, c'est finalement possible de grandir malgré ça. On trouve des solutions. On désigne des responsables. Chacun à sa part de travail, client compris. On pointe les écarts de planning, on en parle, on prévient par écrit que suite à ça, il y a un décalage. On reste en alerte, attentif, sans rien donner de plus que ce qui est noté de façon exhaustive sur le devis.
Finalement, on fait du client-sitting. C'est nul, mais ça fonctionne

Certaines missions sortent dans la douleur, aux "forceps" comme diraient certains. Mais elles restent de l'expérience, des "cas d'école" et faire des retours d'expérience dessus est vraiment intéressant.
Prendre le temps et la hauteur pour retracer l'intégralité du projet, voir ce qu'il s'est passé, comment et pourquoi ça s'est passé comme ça. Mettre des hypothèses de solutions et les tester sur de prochains projets. C'est du test and learn, mais la qualité de la relation grandit avec chaque initiative de ce genre. La qualité des livrables aussi.

Bien sur, tous les projets sont différents et tous les clients le sont aussi. Malgré tout, je reste convaincue que cette méthode s'applique à tous les clients, tous les projets, quelque soit leur personnalité, ou leur complexité.

Et finalement, une mission réussie, et si ce n'était pas une mission dont on se targuerait et qui nous rendrait fière, mais une mission qui nous permettrait de grandir, d'évoluer, d'apprendre à se connaître ?

Sur l'escalier sans fin des missions, est-ce que chaque mission n'est pas une marche ?

Et pour vous, c'est quoi une mission réussie ?

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